Comment détecter dans un champ ou un labour ?
Pour un prospecteur de métaux, prospecter dans un champ est généralement le type de lieu privilégié en détection de métaux, et pour cause. Les terres agricoles représentent près de 26 880 583 hectares (chiffres de 2020), soit près de 50% de la surface totalement de la France métropolitaine. C’est donc un lieu de choix pour un détectoriste, car ces terrains ne servent qu’à la production alimentaire nécessitant un travail constant et régulier de la terre. Pas de risque de destruction ou d’endommagement du sol. C’est donc un choix très pragmatique pour un prospecteur de s’orienter vers ce type de terrain qui sera forcément retourné et travaillé plusieurs fois dans l’année.
Dans cet article, nous allons vous expliquer comment choisir un champ pour la détection, apprendre les techniques efficaces pour prospecter un champ labouré, et comprendre les phases stratégiques pour ne rien laisser derrière vous. Vous découvrirez aussi des astuces pratiques pour vous donner tous les chances de faire plus de trouvailles et connaître les types d’objets que l’on peut espérer trouver. Par exemple, lors de la première prospection, vous devez bien observer et d’interpréter la configuration du champ, en utilisant des méthodes comme le quadrillage et l’échantillonnage de la zone.
Grâce à nos conseils et techniques, vous serez mieux préparé pour vos prochaines sessions de détection. Cet article vous guidera pas à pas, de la sélection du champ à la prospection minutieuse, pour optimiser vos chances de découvertes. Bonne lecture et bonne chasse !
Comment trouver et choisir un champ pour y détecter ?
Qui n’a jamais pensé à se servir de l’Histoire pour s’orienter vers une zone géographique intéressante ? Tout le monde l’a fait (tout du moins tout le monde y a pensé). Pourtant, il y a 2 aspects qui devraient vous faire oublier cette approche :
- D’un point de vue des bonnes pratiques en détection, se servir d’archives Historiques, toutes recherches préalables servant à orienter une recherche rendent caduque notion de hasard dans votre prospection et vous risquez de vous retrouver sur un site archéologique, ce qui est contraire à ce que demande la loi.
- Dites-vous bien que si un lieu est connu comme étant historiquement riche, la zone a déjà été ratissée en long, en large et en travers par les autres prospecteurs depuis ces 30 dernières années où la répression était moins importante qu’aujourd’hui.
Le meilleur conseille que l’on puisse vous donner est de prospecter au hasard, encore mieux si la zone n’a aucune archive historique. Vous aurez plus de chance de trouver des choses intéressantes. C’est comme pour choisir les numéros du loto : on ne choisit jamais des chiffres socialement logiques afin de maximiser les gains en cas de victoire.
L’idéal pour prospecter un champ et d’avoir l’autorisation du propriétaire, est qu’il ne soit pas en production. On oublie donc les champs semés ou les champs en pousse lorsque la bonne saison de la détection se termine (même s’il existe des alternatives). On privilégie donc les champs en chaume, labourés ou disqués. C’est également le meilleur moment pour vous d’avoir un accord pour y prospecter, car l’agriculteur devra forcément retravailler son champ, après votre passage, pour préparer ou semer son champ.
Il est intéressant de noter que le travail mécanique de la terre a tendance à faire remonter à la surface des objets divers comme des roches alluvionnaires anciens ou même des objets perdus. Cette répétition du travail du sol est également la raison de la destruction de ces objets.
Lors de votre demande d’autorisation, il sera aussi intéressant de discuter avec l’agriculteur sur l’histoire du champ : le type de culture et la rotation, s’il a été remembré ou s’il y a eu des travaux d’enfouissement électrique ou de canalisation.
Conseils pour apprendre à bien détecteur un champ labouré
La détection d’un champ labouré se faire en 2 phases :
- Une phase de découverte rapide pour se faire une idée de ce qu’on pourra trouver
- Une phase de recherche minutieuse si le champ est intéressant
La phase de découverte lors de la première prospection
Lorsque vous prospectez pour la première fois un champ, la première étape est de l’observer tel qu’il est, mais également imaginer ce lieu dans le passer avec les vies possibles qu’il aurait pu voir passer.
Afin d’interpréter au mieux cette visualisation, on peut commencer par prendre un peu de hauteur en visualisant votre champ sur une vue satellite. L’objectif est de mieux comprendre les aspects géographiques et l’orientation du champ. Toutes ces informations vous serviront et nous en parlerons un peu plus tard.
Lors d’une première détection d’un champ, on recherche à savoir son potentiel. Pour être efficace, on procédera à une prospection par échantillonnage. Pour faire simple, on prospectera en empruntant un quadrillage, qui nous permettra d’avoir une idée précise du genre d’objets qui ont été perdus dans la zone.
Pour ce faire, on privilégiera un détecteur plutôt basse fréquence afin de rechercher tout type de cibles et en profondeur (même dans les faits un détecteur multifréquence, voire spécifique pourra tout de même faire le travail). On utilisera toujours un détecteur en mode “tous métaux” dans le but de recueillir tous les déchets métalliques qui nous aideront à mieux comprendre les activités qu’il y a eues dans ce terrain et dater son histoire.
Pour exemple, la présence de fers à bœuf démontrera qu’ici, l’agriculture existe depuis, avant l’ère industrielle. La présence de plomb de selle démontrera une activité agricole assez intensive pour l’époque. La présence de dés à coudre démontrera que ce champ était principal des cultures céréalières à l’époque (car lors des moissons, toute la famille était présente pour les récoltes et les femmes s’adonnaient au travail de couture en extérieur pendant que les hommes récoltaient les céréales) ou de l’élevage.
Tous ces indices vous aideront à mieux comprendre la physionomie socio-économique de la parcelle.
Au niveau de votre quadrillage d’échantillonnage, l’idée est de suivre un chemin ou la probabilité de trouver quelques chose est la plus importante. Globalement, on va chercher à détecter toutes les bordures du champ cultivé en laissant 1 à 2 bons mètres du bord du champ. Si le champ est en bordure de route, on peut s’éloigner de 3 à 5 mètres du bord de la route pour éviter tous les déchets jetés par les automobilistes.
Une fois que vous avez fait tout le tour du champ, vous pouvez ensuite terminer cette première phase en allant chercher les 2 diagonales du champ (en partant du principe qu’il en forme de quadrilatère) afin d’avoir des échantillons sur le centre du champ. Tout est une question de technique et il faudra parfois savoir s’adapter à certaines situations :
- Si l’agriculteur à fait un labour profond (50-60 cm), vous aurez de grosses mottes de terre. Il sera donc judicieux d’utiliser un petit disque afin de passer le disque sur toutes les face de chaque motte (ou attendre que l’agriculteur disque les mottes) et être patient car vous devrez avancer lentement.
- Si vous êtes sur une prairie pour faire du fourrage, il faudra venir en été, car les coupes ont généralement lieu 2 fois par an, fin et fin aout.
- Il faudra peut-être aussi apprendre quelques habitudes de l’agriculteur sur la rotation de ses parcelles. Par exemple, s’il fait du blé en été, il y a de grandes chances qu’il fasse un gros labour juste après. S’il fait du mais ou du tournesol, il ne fera qu’un simple disquage de surface.
- Si le champ est intéressant, ne pas hésiter à le refaire 1 an après. Le travail de la terre, l’érosion et les vibrations des machines font remonter les objets en surface.
Une fois tout ceci fait, il vous reviendra la lourde tâche de décider de passer à la phase 2 (une détection minutieuse et entière du champ) ou d’aller sur un autre champ. Comme dit la chanson : should i stay or should i go !
Ce choix peut être difficile et se base sur une réflexion purement statistique de volume de trouvailles et non sur les qualités ou l’intérêt que peuvent avoir les trouvailles que l’on peut faire. En effet, j’ai expérimenté personnellement une prospection d’un champ où je n’ai trouvé rien d’autre qu’une monnaie Louis XIV en argent magnifique, lors de mon échantillonnage. J’ai donc procédé à une prospection minutieuse sans rien trouvé de plus.
Se pose alors la question “Et si, lors de mon échantillonnage, j’étais passé 10 cm à côté, j’en aurais conclu qu’il fallait de passer à un autre champ”. C’est là tout le charme de la détection qui prouve de façon formelle que ce loisir est avant tout une question de chance et de hasard ; au grand damne de nos détracteurs. Hélas, ce choix de partir ou de rester vous revient et dépend aussi d’autres possibilités d’autorisation que vous avez de côté.
Mon avis : si vous n’avez rien d’autre que ce champ, et que votre première prospection rapide n’est pas folichonne, insistez (ce qui est fait n’est plus à faire). Si par contre, vous avez d’autres options ailleurs, changez de champ et revenez-y à un autre moment où vous n’aurez plus d’autres options (autorisations). Les champs qui n’ont aucune trouvailles intéressantes existent bel et bien, il faut donc bien peser le pour et le contre avant de ce décider de partir.
La phase de recherche approfondie pour ne rien louper
Maintenant que vous savez ce qu’il y a dans votre champ et que ce dernier renferme des objets intéressants, nous allons passer à la prochaine étape. Celle-ci consiste à prospecter toute la surface du champ. Là aussi, nous allons essayer de faire ça de façon pragmatique pour être certain de ne pas passer à côté de belles cibles.
Pour être certain de passer notre disque sur toute la surface sans oublier de zone, nous allons procéder à une détection en faisant des aller-retours le long du champ. Le moyen le plus simple est de partir d’un coin du champ et de suivre un des côtés du champ puis de faire des aller-retours. Lors de votre premier aller, et que vous allez faire demi-tour pour faire le retour, nous devons vous expliquer une chose importante.
Lorsque vous détectez, votre centre de balayage du disque ne se trouve pas entre vos pieds, mais le long de votre prolongement du bras qui tient le détecteur. Donc lorsque vous allez faire votre demi-tour, avant de le faire, prenez soin de ne pas repasser votre disque sur la surface que vous avez déjà passée à l’aller ou de trop vous écarter de cette dernière.
Il faudra donc vous servir de vos traces de pas comme point de repère sans pour autant vous en servir comme point de référence du fait qu’en fonction du fait que vous soyez droitier ou gaucher, votre détecteur sera centré plutôt sur votre pied droit ou gauche. Pensez-y.
Il ne restera plus qu’à parcourir toute la surface du champ pour finir le travail et être certain que vous avez récupère toutes les trouvailles et déchets.
Vous pouvez utiliser votre détecteur basse fréquence sans problème, mais en cas de découvertes spécifiques comme des petites monnaies gauloises ou des billons. Dans ce cas, un second passage avec un détecteur haute fréquence sera judicieux. Bien évidemment, si vous utilisez un détecteur multifréquence, la question ne se pose même plus.
Astuces pour avoir plus de chances de faire des trouvailles en champ
Un champ de culture n’est pas forcément rectangulaire, parfaitement plat et commun. Vous trouverez toujours des spécificités ou particularités qui devront vous aider à prioriser certaines zones plutôt que d’autre. Nous vous avons dit un peu plus tôt d’apprendre à regarder un champ tel qu’il est, en imaginant comment ses occupants auraient pu y vivre ou y travailler.
Un arbre centenaire, de grosses haies en bordure, la présence d’un cours d’eau juste à côté, un champ en pente ou avec une bosse, tout ceci doit vous alerter.
Un arbre avec un gros tronc signifie que ce dernier existe depuis très longtemps, peut-être plusieurs siècles. Ces arbres peuvent avoir abrité les anciens cultivateurs, ou les promeneurs de l’orage ou de la chaleur, ou tout simple être un lieu de repos. Il ne faudra alors ne pas hésiter bien passer votre détecteur autour de cet arbre. Il n’est pas rare d’y retrouver des traces de signe de vie. Parfois même des trésors.
Les cours d’eau proche d’un champ ont très probablement été utilisés pour abreuver le bétail et/ou une zone de repos pour des voyageurs. Il serait dommage ne pas en avoir le cœur net. Peut-être qu’ils ont laissé des choses derrière eux…
La topographie peut aussi avoir une importance, ou pas. La présence une bosse peut révéler la présence d’un tumulus antique, ou tout simplement un défaut de la surface érable. Il faudra toujours commencer par le sommet lorsque vous détecterez dans un champ avec une bosse ou en pente, non pas pour une question de priorité (car les sédiments et la terre ont tendance à descendre sous l’effet du travail de la terre et de l’érosion) mais pour moins vous fatiguer. Même à pied, c’est toujours plus simple de descendre que de monter. Il faudra donc faire vos aller-retours en direction perpendiculaire au sens de la pente et en descendant.
Enfin, si vous devez longer des haies, priorisez toujours le côté de la haie qui fait dos au vent dominant. Les gens adorent se protéger du vent derrière les haies, surtout à l’époque où les parapluies n’existaient pas … toujours sur les haies, sachez que le remembrement a eu lien au lendemain de la guerre ce qui fait que de nombreuses haies ont disparu.
Regardez toujours le sol, sa constitution (argile ou limon), la présence de gros galets bien ronds répartis sur une très grande surface voir la totalité du champ, ce qui appuis la présence d’une ancienne plaine alluviale, surtout si le sol est minéralisé. Cela veut dire que vous êtes sur une zone inondable ou qu’une rivière passait à cet endroit précis dans le passé.
Si, par contre, vous trouvez des galets en surface, sur une zone très reduite par rapport à la surface du champ (galets très localisés au même endroit), il y a de grandes chances que vous ayez là, sous vos pieds, une ancienne habitaton.
Quel type de trouvailles fait-on dans un champ ?
Les prospecteurs de métaux adorent faire des champs, car lorsque le champ est retourné et disponible, on peut se promener sans contraintes (contrairement de la foret), en couvrant beaucoup plus de terrain. À cela s’ajoute le fait qu’un champ était un lieu de travail. De ce fait, la présence humaine y est plus importante que dans une foret et ceci multiplie d’autant plus le risque de perdre des choses. N’oubliez jamais que les poches de pantalon n’ont été inventées qu’en 1873 Aux États-Unis. De ce fait, beaucoup de choses se perdaient pendant le travail de la terre.
Notez également, que si le volume des monnaies peut être import dans un champ, leur qualité de conservation est le plus souvent médiocre compte tenu du temps, du travail mécanique de la terre et des produits phytosanitaires.
Voilà pourquoi on retrouve autant pièces de monnaies. En parlant de ça, il existe de nombreuses légendes et croyances sur l’omniprésence de pièces de monnaies ancienne dans les champs.
- Nos ancêtres jetaient de tout dans le foin et les tas de fumiers destinés à l’épandage. On y faisait même ses besoins naturels. Autant d’occasion de laisser des pièces de monnaies tombées dedans, se retrouvant ensuite disséminé dans les champs.
- Les pièces de garde ou de collection n’ont eu de l’intérêt qu’après la première guerre mondiale (et encore pas pour tout le monde). Aussi, lorsque l’on changeait de monnaies, les anciennes pièces étaient sans valeur. Donc, on s’en débarrassait.
Voilà pourquoi on retrouve autant de monnaies de l’époque sédentaire (de l’époque gauloise jusqu’à nos francs).
Mais on peut retrouver absolument tout type d’objets remarquable comme des dés à coudre, des boutons de soldats, des ardillons de ceinture, du militaria, des douilles et des balles, et évidemment, énormément de déchets manufacturés et métalliques de notre chère époque industrielle.